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Dettes, niveau de vie et retraites face à la réalité (2ème partie)

Le premier article sur ce sujet a montré que les revenus disponibles des ménages français par habitant, autrement dit leur pouvoir d’achat, avait plus augmenté que celui de la plupart des pays voisins. Il a montré aussi que sur la période 1999-2016 après l’introduction de l’euro les évolutions des pouvoirs d’achat des 12 pays examinés divergeaient alors de façon graphiquement visualisable.  Le constat de la divergence des pouvoirs d’achat apparaît nettement comme liée aux premiers effets de l’introduction de l’euro. La Suisse dominait tout le monde, Etats-Unis compris, et la Grèce avait perdu beaucoup de pouvoir d’achat. La performance de la France est même supérieure à celle de l’Allemagne même si le revenu des ménages français reste encore inférieur à celui des allemands. Il nous reste à comprendre pourquoi le ressenti des français est différent sur leur niveau de vie en dehors des inégalités de répartition de la richesse. Les grands pays perdants s’avèrent bien être les pays du Sud de l’UE.
 
On va donc regarder ce qu’il en est des dépenses des ménages des 12 pays sélectionnés parmi nos voisins en ajoutant la Suisse et les Etats-Unis, pour disposer d’un repère dans et hors de l’UE, et en plus la Suède comme pays représentant un pays de l’UE hors zone euro. Ce sont les dépenses possibles qui sont les plus sensibles au ressenti des ménages qui les considèrent à tort comme leur pouvoir d’achat en oubliant qu’ils peuvent épargner et tenir compte ou non des cotisations sociales dans leur ressenti. Le premier constat est la grande divergence des dépenses des ménages depuis 1995 et plus encore depuis 2001. Les chiffres sont d’ailleurs éloquents : l’écart entre les dépenses des ménages espagnols et suisses était dans un rapport de 1,77 en faveur de la Suisse en 1995 et est devenu 6,40 en 2018, soit une augmentation de 362% ! En 2018 on retrouve en tête la Suisse suivie des Etats-Unis, du Luxembourg et de l’Allemagne comme pour les revenus disponibles des ménages étudiés précédemment. Le Royaume-Uni en 5ème position dépasse toujours la Suède qui a dépassé la France. Ces deux derniers pays sont dotés en plus d’une forte protection sociale. La France occupe la 7ème position, perd donc une place, mais est en tête d’un groupe de 4 pays aux dépenses proches. Dans l’ordre décroissant on trouve, France, Belgique, Irlande et Italie. La grande perdante est la Grèce pour laquelle l’entrée dans l’UE et la zone euro n’a amené aucune progression des dépenses des ménages et une régression relative par rapport aux 11 autres pays. On peut constater qu’avec un système social encore performant, la France semble tirer son épingle du jeu sans plus depuis la création de l’UE. Elle devance désormais la Belgique et l’Italie. Il faut donc chercher ailleurs la cause du malaise français sur leur niveau de vie. On doit toutefois constater que l’UE n’a pas donné un plus par rapport aux autres pays, ce qui invalide le slogan de l’UE qui protège tout au moins sur le plan économique. Mais en est-il de même pour son passage dans l’euro ?

Si l’on regarde plus finement l’évolution des dépenses des ménages des 12 pays avant et après l’introduction de l’euro on constate qu’un seul pays a vu les dépenses des ménages augmenter : le paradis fiscal luxembourgeois. Tous les autres pays ayant subi une baisse générale, on peut regarder leur situation par rapport à une moyenne de 1,45% dévolution par an. Le pays le plus pénalisé par son appartenance à la zone euro est bien la Grèce qui voit son rythme d’augmentation des dépenses se rapprocher un peu plus de zéro.  Toutefois on constate visuellement sur les deux graphiques que les grands perdants, par rapport à la situation d’avant 2001, sont dans l’ordre décroissant le Royaume-Uni, l’Irlande et la France. Suivent 3 autres pays : Espagne, Suède, et Etats-Unis. Les 5 pays européens cités n’ont pas trouvé dans l’euro le moyen de faire mieux que les Etats-Unis. Les 6 autres pays font mieux que les Etats-Unis et sont au-dessus de la moyenne. En remontant on trouve :  Belgique, Italie, Allemagne, Grèce, Suisse et Luxembourg. La Grèce ne perd pas grand-chose en effet mais elle reste avec un très faible niveau de dépenses et plutôt en régression. On peut faire la même remarque pour l’Italie qui a moins perdu que la Grèce en croissance annuelle des dépenses des ménages mais est en 10ème place pour le niveau de celles-ci. La Suisse est la réplique de la Grèce mais cette fois avec le plus haut niveau de dépenses mais avec une évolution nulle de la croissance annuelle avant et après 2001. La Suisse maintient, depuis la création de l’UE, puis de l’euro, la plus forte croissance annuelle des dépenses des ménages de 2,8%/an contre vents et marées. On sait quelle gère cette situation avec sa monnaie qu’elle n’hésite pas à dévaluer quand il faut. L’Allemagne est bien le pays, hors le Luxembourg pour raison de paradis fiscal, qui a le mieux traversé 2001 pour les dépenses des ménages en concédant peu sur leur croissance et en gardant une forte croissance moyenne annuelle des dépenses de 1,8% sur la période 2001-2018. Elle n’est dépassée que par la Suède qui était partie de plus haut sur la période d’avant 2001. 

Pour la France on constate donc que l’entrée dans l’euro a brisé fortement sa dynamique de croissance annuelle des dépenses des ménages passant de 3,23%/an avant l’euro à 1,51%/an après. Ceci est encore plus visible pour le Royaume-Uni dont l’entrée dans l’UE a détruit la dynamique des dépenses des ménages. L’habitant le plus gagnant est le Luxembourgeois qui a bénéficié de son statut de paradis fiscal. La constance des dépenses des ménages suisses est remarquable si l’on se réfère à l’évolution de la moyenne de celles des 12 pays qui ont perdu en moyenne -0,74%/an entre l’avant et l’après création de la zone euro. Les dépenses des ménages suisses ont pu garder le même niveau de croissance dans la période 2001-2018 alors que la croissance du PIB/habitant a chuté sur l’ensemble des pays de l’OCDE. Le résultat de la Suisse hors UE est remarquable car,  à la première place pour le pouvoir d’achat des ménages et la croissance moyenne annuelle de celui-ci entre 1995 et 2016, elle l’est aussi pour les dépenses par habitant en 2018 et au deuxième pour la croissance moyenne annuelle de celles-ci sur la période 2001-2018.  Si la Suède avec sa monnaie nationale se place en deuxième position des gagnants, le Royaume-Uni est le grand perdant de la création de l’euro ce qui montre que la monnaie nationale est un instrument qui doit être utilisé pour ajuster l’économie. C’est cela qu’a réussi la Suède et la Suisse. La France aux dépenses sociales importantes et un blocage monétaire de l’euro ne se place qu’en 8ème position depuis son passage à l’euro avec une perte relative entre l’avant et l’après de -1,73%/an soit 1% moins bien que la moyenne des autres pays. L’Allemagne, la Grèce et la Suisse ont maintenu leur niveau de dépenses des ménages mais n’oublions pas que la Suisse est au meilleur niveau, que l’Allemagne dépasse la France et que la Grèce reste avec l’un des plus faibles niveaux de dépenses des ménages. C’est aussi le cas de l’Irlande, ce qui veut dire que les monnaies Livre et Euro ont eu un effet identique parce que le Royaume-Uni s’est peu servi de sa monnaie pour ajuster son économie, comme l’a fait la Suède qui fait mieux que la France avec l’Euro. 

On peut conclure à ce stade de l’étude que l’UE n’a fait qu’accentuer les différences entre les dépenses des ménages des différents pays avec la création de l’euro. Créée comme un conglomérat de pays pour faire face économiquement aux autres grands blocs mondiaux, l’UE et l’euro n’ont apporté aucune amélioration tangible aux pouvoirs d’achat et aux dépenses des ménages des pays qu’ils ont englobés. La différence sur la croissance des dépenses des ménages entre les pays de l’UE et les Etats-Unis est suffisamment faible avec +0,07% pour ne pas être significative, et est très défavorable par rapport à la Suisse avec -1.55% sur la période 2001-2018. Ceci montre bien l’inefficacité de l’UE dans son objectif économique pour ses peuples… enfin pour 95% de leurs populations. La zone euro elle-même au lieu de rapprocher les niveaux de vie des pays examinés n’a fait que les éloigner, ce qui dément son efficacité sur le rapprochement des économies des pays concernés où on note seulement un transfert de richesses du Sud vers le Nord. On peut aussi noter l’importance de la monnaie nationale et des dévaluations pratiquées même par la Suisse qui est en tête du pouvoir d’achat et des dépenses des ménages, suivie par la Suède au contraire du Royaume-Uni qui n’a que récemment utilisé cette arme en 2016. Le ressenti de recul des britanniques n’est pas étranger au vote du Brexit.
Revenons sur l’étude précédente sur le pourvoir d’achat pour voir si le constat entre les 2 périodes est le même que pour les dépenses. Pour ce qui concerne la France on note que si les revenus disponibles ont augmenté entre 1995 et 2016 assez fortement, ceci est dû essentiellement à la période 1995-2001 et elle a beaucoup perdu sur la croissance du pouvoir d’achat dans la période 2001-2018 non seulement dans l’absolu mais relativement puisque le pouvoir d’achat (revenus disponibles en ppa) est passé en croissance annuelle de 4,10% à 1,12% entre les périodes avant et après l’introduction de l’euro soit une perte de 3% supérieure à la moyenne à 2%.

Donc que l’on regarde la performance française dans les revenus disponibles ou dans les dépenses des ménages, la France a perdu de la performance par rapport à la moyenne des 10 autres pays de l’UE et par rapport aux Etats-Unis qui sont dans la moyenne des pays examinés, et surtout par rapport à la Suisse qui n’a perdu que 1,55% de croissance annuelle du pouvoir d’achat. Les 10 pays de l’UE et la zone euro examinés ici montrent que leur appartenance n’a eu aucun effet positif par rapport aux Etats-Unis et que la Suisse hors UE, utilisant sa monnaie au profit de son économie a damé le pion à tous les autres pays examinés.

La France s’est fait dépasser par la Suède, qui a sa monnaie, et par l’Allemagne, qui a profité de l’euro pour minimiser sa perte de croissance annuelle sur le pouvoir d’achat des ménages au détriment de celle des 9 autres pays de l’UE examinés ici. Le Royaume-Uni avec la Livre n’a guère fait mieux que l’Irlande qui a adopté l’euro mais tous deux ont pâti de leur appartenance à l’UE pour le niveau de vie des ménages. L’euro n’est donc pas un avantage mais la Livre, non utilisée comme variable d’ajustement à l’économie, n’a pas donné les résultats de la Suède avec sa couronne suédoise qui s’en est servi et a fait mieux que l’Allemagne et la France. Une monnaie nationale figée ne fait pas mieux qu’une monnaie unique sur une union de pays aux économies différentes.

Mais pourquoi le ressenti des français est-il sensible à cette dégradation de la croissance de son pouvoir d’achat et de ses dépenses ? Les chiffres présentés ici ne leur sont pas connus et ceux qui sont en mesure de se comparer in situ avec les autres pays sont une minorité. Le graphique ci-contre qui montre que la France se caractérise par le plus faible rapport entre les dépenses des ménages et leurs revenus disponibles est-il une piste pour expliquer ce pessimisme français ? C’est sur ce constat que partira l’article suivant qui traitera de la dette des ménages et des retraites. 

L’aventure européenne s’avère de plus en plus un fiasco
Il est devenu évident que les promesses initiales
Ne peuvent être tenues pour les peuples.
C’est l’union des puissances de l’argent
Chaque pays y joue pour son compte,
Et la France y perd son dynamisme
L’Allemagne y tire le maximum,
Et la Grèce y est dépouillée !
La Suisse se rit de tous. 
Claude Trouvé
07/01/20

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