- PIB/habitant et salaire moyen horaire
Dans la série des
mensonges affirmés par le Medef on peut aussi citer le fait que la baisse des
salaires permettrait une augmentation du PIB ou dit autrement que les bas
salaires des autres pays européens sont la raison pour laquelle l’économie
française n’est plus compétitive. D’où d’ailleurs l’appétence du Medef pour l’émigration
et les travailleurs détachés qui ont pour effet d’augmenter l’offre de main-d’œuvre
par rapport à la demande, donc à tirer les salaires vers le bas. Le graphique
ci-contre montre une toute autre vision avec une quasi parfaite corrélation
entre le salaire moyen hebdomadaire et le PIB/habitant dans les 34 pays de l’OCDE
représentés. La relation chiffrée donne une variation de 1106 $ du PIB/h pour
une variation de 1$ du salaire hebdomadaire.
Salaire horaire et PIB/h sont
intimement liés et il n’est pas évident de savoir qui est la cause de l’autre. Si
l’on suit la voix du Medef, les salaires élevés ne sont pas favorables à la
compétitivité de l’entreprise, mais on sait que la consommation, principal facteur
de la production nationale, est payée par les salaires. Le Medef considère donc
que le salaire moyen est trop haut à PIB/h égal par rapport aux autres pays de
l’OCDE. C’est effectivement le cas par rapport à l’Italie par exemple et un peu
par rapport à l’Espagne, mais pas par rapport à l’Allemagne. On peut
malheureusement en déduire également qu’une baisse de 10% du PIB français sur
2020 poussera finalement à une baisse globale des salaires de 4 $ soit 3,41 € de
2018 ou près de 12% sur le salaire horaire. Autrement dit les salaires devront
s’ajuster à -12% ou alors il faudra que les heures travaillées augmentent de
12%, soit une durée de travail passant de 35 heures à 39 heures à salaire
égal… provisoirement. C’est bien cela qui se prépare.
2. Salaire horaire moyen et heures
travaillées
On vient de voir que
le salaire horaire et le PIB/habitant sont intimement liés, mais en est-il de
même entre le salaire et les heures travaillées annuellement ? La réponse
est moins évidente sur le graphique ci-contre. Le lien n’est pas aussi strict mais
reste significatif, même si d’autres facteurs interviennent, et la tendance est
la baisse du salaire annuel moyen en fonction du nombre d’heures travaillées.
On retrouve ce qui a transpiré du paragraphe précédent. Les salaires élevés ne sont
pas le fruit du nombre d’heures travaillées mais le reflet de la santé de l’économie
d’un pays. Cela veut dire qu’augmenter le nombre d’heures travaillées, en période
de décroissance économique et de taux de chômage élevé, ne peut pas avoir d’effet
bénéfique sur celle-ci. Le salut se trouve ailleurs. L’Allemagne a un salaire
horaire moyen plus élevé que la France tout en travaillant moins.
3. Le salut économique dans la productivité
3. Le salut économique dans la productivité
On est aussi dans le
mensonge quand on parle de la bonne productivité française. Comme le montrent
les deux graphiques basés sur l’indice 100 de l’UE en 2010 de la base de
données Eurostat, la productivité par heure travaillée n’est pas excellente. Elle
nous place devant le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie et la Zone euro, mais
derrière l’UE pour la productivité par heure travaillée et celle par personne. Néanmoins
la productivité par personne nous place juste devant l’Allemagne. Dans les deux
cas de productivité nous sommes loin derrière les pays de l’Est et du Centre
qui s’avèrent beaucoup plus performants sur ce point. Visiblement le score de
productivité de la France dans la Zone euro ne suffit pas à faire décoller les
exportations par rapport à des pays comme l’Italie et l’Espagne. Notre productivité
proche de l’Allemagne n’explique pas la différence de 300 milliards d’euros à
notre détriment sur le solde du commerce extérieur, ni sur le PIB/habitant.
4. Le coût du travail est-il responsable d’une économie en souffrance ?
4. Le coût du travail est-il responsable d’une économie en souffrance ?
Non
le coût du travail en France est l’un des moins élevés de l’UE. Il est de 18% inférieur
à celui de l’Allemagne selon les données indicielles d’Eurostat. C’est un autre
mensonge que nous vend le pouvoir, à savoir le coût élevé du travail en France qui
justifie des aides massives aux entreprises et en particulier des grandes s’élevant
en gros à une centaine de milliards. On voit sur ces graphiques qu’il n’en est
rien. Les aides aux entreprises ne doivent pas se cibler sur une compensation liée
au coût du travail. Il faut bien comprendre que la diminution des charges
sociales payées par le salarié n’est qu’un élargissement de l’assiette aux
retraités qui devront payer ou alors qu’un endettement supplémentaire. De la même
façon l’allègement des charges sociales pour les entreprises se retrouve en
perte de recettes dans le budget de l’Etat qu’il faut compenser soit par des
impôts ou taxes, soit par un endettement. Dans la mesure où notre coût du
travail n’est pas supérieur à celui de l’UE, une poursuite de l’allègement des
charges est inutile. Il ne créera pas d’emplois et sera peu efficace sur le
PIB/h.
5. Qelles actions peuvent sauver notre économie ?
5. Qelles actions peuvent sauver notre économie ?
Les
deux cibles pouvant augmenter notre PIB/habitant, donc la croissance, sont
contenues dans deux secteurs, le solde du commerce extérieur, et la consommation
intérieure.
·
Le solde du commerce extérieur
Il peut
s’améliorer de deux façons, soit par une baisse des importations, soit par une
augmentation des exportations. La baisse des importations s’obtient de deux façons,
soit par la hausse des droits de douane, soit par une production nationale des
biens importés à prix plus concurrentiel. Le plus simple et le plus rapide est
la hausse des droits de douane mais ceci est vu par la Commission Européenne
comme une atteinte au crédo de la liberté de circulation des biens. Elle a
toutefois souffert une exception avec les droits de douane sur les éoliennes
chinoises. In fine cela reste difficilement praticable en restant dans l’UE à
la différence du Royaume-Uni qui en est sorti. La deuxième façon est de
produire nationalement les produits achetés à l’extérieur à des prix
compétitifs. On a vu que la productivité et le coût du travail n’étaient pas de
nature à changer vraiment les choses. Il reste les dépenses de gestion des
entreprises et la monnaie d’échange. Sur le premier point, l’Etat est
directement concerné par la simplification des travaux administratifs auxquels
les entreprises sont soumises. Le reste fait partie de la politique de
management de l’entreprise, en particulier de la propension à développer l’investissement
productif. C’est sur ce point que l’Etat peut et doit intervenir pour faciliter
l’investissement des entreprises par tous les moyens dont il dispose.
·
La consommation intérieure
Elle
dépend essentiellement de la volonté et de la capacité du peuple à dépenser.
Sur la volonté, le climat de confiance en l’avenir est primordial tout autant
que celui d’investir pour les entreprises. Le climat anxiogène répandu par le
gouvernement, prolongé inutilement dans le déconfinement, est générateur d’un repli
de la consommation intérieure. La capacité de consommer, le pouvoir d’achat,
est directement lié à la santé économique dans le domaine non-salarial, et aux
salaires dans l’autre. On peut ajouter le poids de l’impôt, lequel dépend beaucoup
du taux de couverture sociale qui en contrepartie agit positivement sur le
pouvoir d’achat, mais dépend aussi des autres secteurs de dépenses de l’Etat. Il
faut se demander par exemple s’il est plus intéressant de construire des
éoliennes en mer, non rentables sans aide de l’Etat et augmentant le prix du kW,
plutôt qu’un canal Rhône-Rhin à grand débit reliant la Méditerranée à la mer du
Nord ou plutôt que de conserver des réacteurs nucléaires rentables et non
déclarés dangereux. Il s’agit d’infrastructures dans les trois cas. Il ne faut pas
oublier que l’augmentation des salaires avec une importation croissante de
biens importés détruit une grande partie de l’apport du pouvoir d’achat à la
consommation. Le chemin vers une consommation intérieure supérieure demande,
pour être efficace, que d’une part l’Etat limite les importations, et que d’autre
part il diminue les charges administratives des entreprises, facilite les investissements,
bloque les dépenses d’infrastructures non rentables, et restructure le millefeuille
administratif, véritable obstacle à une dynamique locale et nationale.
6.
L’énergie le plus important
paramètre
L’économie traditionnelle oublie l’impact primordial sur la croissance
mondiale que représente l’énergie. L’histoire de l’humanité se confond pourtant
avec celui de la captation et l’utilisation de l’énergie. La captation du feu a
transformé la vie de nos lointains ancêtres, comme la charrue et la charrette utilisant
la traction animale, remplacée par la vapeur, l’électricité et le pétrole, a permis
de démultiplier les capacités humaines à produire et à se déplacer. La
prospérité des pays se mesure désormais au nombre de machines-outils qu’elle
est capable de mettre en œuvre. L’amélioration de nos conditions de vie dépend
essentiellement de l’énergie dont nous disposons. L’humanité consomme de plus
en plus d’énergie, laquelle provient mondialement essentiellement du charbon,
puis du pétrole et du gaz, toutes étant des énergies fossiles dont on veut se
débarrasser pour raison climatique. L’augmentation de la population mondiale et
la volonté de faire disparaître la consommation de combustibles fossiles, sont
donc antinomiques et nous font courir à la catastrophe encore plus vite que l’épuisement
de ces mêmes ressources du sous-sol. Le faible rendement énergétique et l’intermittence
des énergies renouvelables ne peuvent y pallier sans parler même de la
dépendance aux terres rares produites essentiellement en Chine qu’elles
impliquent. La France, l’un des pays les moins polluants du monde, ne devrait
pas gâcher son argent dans des combats idéologiques où ses efforts financiers
auront des résultats ridiculement petits sur l’impact mondial mais demanderont des
investissements à long terme de centaines de milliards.
Conclusion
Après
le passage du COVID-19 la France sera non seulement plus handicapée socialement
et économiquement que la plupart des pays du monde, mais aussi assujettie à un
contexte mondial de ralentissement global de la croissance. A court terme il n’arrive
plus de révolution énergétique qui puisse redonner un coup de pouce à l’économie.
On fait avec ce que l’on a, et seule la hausse de la productivité peut encore
pousser la croissance réelle productive à un rythme de l’ordre de 0,5% au plus.
Le reste ne vient que d’une croissance factice générée par le déversement de
flots énormes de liquidités répandues dans le système économico-financier, dont
la majeure partie sert la spéculation et non pas l’économie productive.
La France
se trouve désormais dans une accélération descendante de son économie et son
sort s’éloigne en baisse de celui de la Zone euro et de l’UE, lesquels sont aussi
en perte de vitesse par rapport aux autres grandes entités géographiques du
monde. Sa compétitivité avec un tissu industriel en décomposition, et une
propension à la délocalisation pour un gain de compétitivité, s’allie en plus à
une perte d’auto-suffisance alimentaire, et augmente sa vocation de pays importateur
et de plus en plus dépendant. Le Royaume-Uni l’a compris et suit la politique
développée par Trump de reprise en main d’une politique économique indépendante
et une monnaie adaptée en permanence à son économie comme l’ont fait les Suisses.
Au contraire de la France, il pousse l’avenir de l’électricité nucléaire qui garantit
le plus faible coût de l’électricité, l’hydraulique étant peu utilisable dans
ce pays.
Une
fois pris dans le filet de l’UE et de l’euro, il ne reste que des solutions peu
efficaces pour un véritable rebond de l’économie française. Une dévaluation de
la monnaie permettrait de booster les exportations, avec un gain immédiat d’environ
10% sur la compétitivité que l’on ne sait pas obtenir par la productivité, et de
diminuer les importations par l’augmentation du prix des produits importés.
Ceci restant impossible dans l’UE, il faut se rabattre sur des mesures
destinées à donner du travail en France, de facilitation des investissements
productifs, ceux permettant d’augmenter la capacité de production sans recours
à une main-d’œuvre supplémentaire, et enfin de formation de futurs manuels avec
une directive de préférence nationale et d’aide financière à l’embauche pour
éponger les 500.000 emplois non pourvus. Il faut lancer, comme le fait Boris
Johnson, un grand plan d’investissement national dans les infrastructures, mais
seulement celles apportant un plus à l’économie. Il faut en tout cas arrêter de
persuader les français de travailler plus longtemps, ceci a au mieux un impact
nul sur la croissance et est destructeur d’emplois donc d’augmentation des
charges sociales. Ceci est le lot des pays pauvres ou allant vers la pauvreté,
comme le Chili qui y était ou la Grèce qui est arrivée. N’oublions pas que les
grecs ne travaillent plus que pour payer les intérêts de leur dette à des taux
usuraires sans éponger leur dette. L’Etat se doit donc de serrer les dépenses
idéologiques comme l’a fait Trump.
Je
crains fort que toutes ces recettes n’aient aucun écho dans la tenaille de l’UE
qui va pousser surtout Macron à mettre en œuvre la directive européenne sur la
réforme des retraites dont elle avait évalué le gain possible de 5 milliards d’euros.
La voie est soit l’allongement des années de cotisation, soit l’augmentation de
la cotisation, soit la baisse des retraites… au choix. L’objectif est pourtant
devenu dérisoire par rapport aux centaines de milliards d’endettement à prévoir
dans les perspectives annoncées par Macron. Le nouveau gouvernement aura
toujours la même feuille de route, un enfumage de plus pour faire croire au
Beaujolais nouveau.
La France
se dirige vers une grave crise économico-sociale
Alors qu’elle ne se donne pas les moyens d’en sortir.
La mainmise de l’UE et de ses commanditaires
Représentés par toute la grande finance
Conduit ce pays vers la dépendance
Dans un climat de désinformation,
Et d’abêtissement programmé.
Sans réaction souveraine
D’un peuple excédé
Nous serons grecs.
Alors qu’elle ne se donne pas les moyens d’en sortir.
La mainmise de l’UE et de ses commanditaires
Représentés par toute la grande finance
Conduit ce pays vers la dépendance
Dans un climat de désinformation,
Et d’abêtissement programmé.
Sans réaction souveraine
D’un peuple excédé
Nous serons grecs.
Claude
Trouvé
03/07/20
03/07/20
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