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Des erreurs stratégiques majeures sur l’énergie électrique depuis 30 ans

 Des erreurs stratégiques majeures sur l’énergie électrique depuis 30 ans

 


Le nouveau plan de transition énergétique ne remet pas la France dans une position énergétique garantissant la fourniture d’électricité aux consommateurs lors de conditions extrêmes, un prix stable du kWh, et surtout pas une indépendance énergétique dans l’avenir. Ce sujet ne passionne pas les foules mais il est d’une importance primordiale pour l’avenir de notre pays. Qui n’a pas d’argent a peu de moyens d’agir mais un État qui n’a pas son indépendance énergétique est un pays qui est tenu en laisse. La politique énergétique est donc un pan essentiel de tout responsable national. Elle ne se conduit pas au gré des idéologies mais au contraire dans un pragmatisme scientifique qui en fait fi. Or la France dépend de l’approvisionnement charbonnier, gazier et pétrolier fourni par d’autres pays. La production d’électricité doit donc en tenir compte.

C’est son talon d’Achille. Cette faiblesse s’est transformée en une force pour la production électrique en lançant le plus ambitieux programme nucléaire du monde. Ceci nous faisait dire « La France n’a pas de pétrole, mais elle a des idées ». Nous sommes ainsi devenus le pays le plus nucléarisé du monde par habitant même si les USA ont deux fois plus de réacteurs que nous. Nous étions jalousés par le monde entier et EDF était le premier électricien du monde. Notre industrie nucléaire était réputée, se vendait bien et pesait lourd dans nos recettes du commerce extérieur. Contrairement aux USA nous maîtrisions les rejets nucléaires des centrales en recyclant dans celles-ci le plutonium produit et une partie de l’uranium « non brûlé ». Ceci a pour effet de minimiser drastiquement le volume des déchets à stocker ou enfouir selon leur dangerosité. Nous sommes toujours l’un des quelques pays ayant la capacité d’enrichir l’uranium aux teneurs nécessaires à son utilisation dans les centrales. Nous maîtrisons également tous les traitements chimiques nécessaires en amont de cette phase d’enrichissement sur les minerais d’uranium extraits des mines. Enfin nous avons des contrats ou des participations dans de nombreux pays producteurs de ces minerais sur toute la planète, ce qui garantit une excellente indépendance d’approvisionnement.

On peut dire que la France était le pays le plus avancé dans l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins de production électrique. Avec Superphénix, le réacteur à neutrons rapides, nous avions vingt d’avance sur la Russie qui travaillait aussi sur cette nouvelle génération de réacteurs qui, par l’utilisation directe du plutonium, divisait par 60 l’utilisation de l’uranium et accentuait donc notre indépendance énergétique. Cette phase où la science et la technologie française rayonnaient dans le monde s’est terminée par la décision politique du gouvernement Jospin en juin 1997, imposée par l’écologisme, ordonnant la fermeture de Superphénix. Cette centrale prototype, le plus puissant réacteur au monde, avait des mises au point nécessaires sur la partie non nucléaire, phase classique dans le cas de prototypes, mais elle a fonctionné pendant plus d’un an sans incident sur la partie nucléaire prouvant ainsi que cette technologie était maîtrisée. La décision de fermeture n’était donc bien que politique. Son coût, bien inférieur à celui de Flamanville, a été évalué à 8,7 milliards d’euros, donc perdus. Mais c’est l’équivalent de plusieurs milliards d’euros que nous avons dû verser à notre partenaire italien à l’époque sans compter les dépenses de sécurisation et de gardiennage du site et celles à venir de son démantèlement en cours. Ceci est oublié du grand public, mais c’est la première énorme erreur stratégique de la politique énergétique. Mais dès cette époque le prestige de la France dans ce domaine a été flétri et cette fermeture a été interprétée par les étrangers comme le premier échec français.

A partir de cette date, le prestige technologique et scientifique de la France n’a cessé de reculer. La pression écologique sur les mentalités s’est servi des deux catastrophes majeures et de l’utilisation militaire du nucléaire pour détourner le pays de cette voie énergétique. Peu importe alors que l’industrie nucléaire n’ait eu aucun accident à déplorer depuis plus de soixante ans de production dans différents types de réacteurs alors que nous sommes le pays le plus nucléarisé par habitant. L’échelle internationale de gravité des accidents nucléaires a sept niveaux de gravité. C’est dans le niveau 7 que sont classés les incidents de Tchernobyl et de Fukushima. Les trois premiers sont classés comme incidents et n’ont un impact que sur l’environnement au pire. La France n’a jamais été classée dans les niveaux d’accident de 4 à 7. Elle n’a eu aucun mort et la surveillance du personnel n’a amené qu’à des « mises au vert » d’un petit nombre de personnes ayant atteint une dose de réactivité à ne pas dépasser selon des normes qui n’ont cessé de s’abaisser sans que des études sérieuses aient pu définir ce seuil. Le principe de précaution a joué à plein alors que plusieurs populations dans le monde vivent normalement dans des zones où la radioactivité naturelle est très supérieure à ces normes.

Mais la politique de la peur, utilisée par l’écologisme, a fait son effet jusqu’à nos jours et la France s’est engagée dans une politique franchement anti-nucléaire. Ce faisant elle a perdu son avancée scientifique et son savoir-faire technologique en dispersant les organismes scientifiques, les sociétés privées et leur personnel vers d’autres activités. Cela a commencé par l’arrêt de construction de centrales sous le prétexte de leur dangerosité et de l’épuisement des mines d’uranium dans un proche avenir selon Ségolène Royal en 2007 s’appuyant sur l’émergence de la panacée des énergies renouvelables. L’argument développé par cette candidate à la Présidence est une contre-vérité alors que la prospection minière pour l’uranium est à l’arrêt et que les réserves actuelles sont suffisantes pour tout le siècle et beaucoup plus avec la technologie de 4ème génération, celle de Superphénix ! Or ce siècle verra l’arrivée de la fusion nucléaire qui se sert des isotopes de l’hydrogène pour atteindre une efficacité énergétique mille fois supérieure à celle du pétrole.

Le coup de grâce à l’industrie nucléaire française a failli être donné par Nicolas Hulot qui prévoyait un plan d’arrêt de 17 réacteurs sur 48 d’ici 2025. Ceci était aidé par nos déboires sur la construction des EPR de Flamanville. Ils sont la résultante de la perte de notre savoir-faire en la matière dans les industries métallurgiques et dans l’ingénierie mais aussi de la montée continue des normes de sécurité qui remet toujours en cause les plans d’origine. Vouloir tendre sans cesse vers le risque zéro, quel qu’en soit le coût ou le retard imposé, finit par tuer toute entreprise industrielle. Ayant été aussi exploitant nucléaire j’ai pu mesurer combien trop de sécurité finit par tuer la sécurité. Les EPR construits en Chine sous licence et participation d’EDF ont coûté beaucoup moins chers et sont en exploitation alors que leur construction a commencé après le démarrage du chantier de Flamanville. C’est bien notre savoir-faire et notre obsession sécuritaire qui sont les causes de notre perte d’efficacité. Ceci induit évidemment une méfiance sur la sécurité de ce nouveau type de réacteur parmi les Français et un sentiment de défaitisme sur nos capacités industrielles.

Le passage de Nicolas Hulot a néanmoins laissé une trace par la fermeture de Fessenheim avec ses deux réacteurs d’une puissance de 900 MW soit l’équivalent en production de kWh de 675 grosses éoliennes terrestres de puissance de 2 MW en fonctionnement intermittent et aléatoire. Cette centrale était considérée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire comme l’une des plus sûres du parc nucléaire, donc capable de produire dans un nouveau plan décennal avant une nouvelle évaluation de son état de sûreté. Il s’agit là d’une décision purement politique qui n’a aucun fondement sur la dangerosité d’une installation. C’est un cadeau à l’écologisme et à Angela Merkel qui n’a que le souhait de voir disparaître notre avantage technologique qui permet une production électrique décarbonée, sûre et peu chère alors que le prix du kWh allemand n’est pas loin de 2 fois le nôtre.

L’UE vient renforcer la pression écologique sous l’influence allemande, de la Pologne et de l’Europe centrale qui utilisent abondamment leur production charbonnière pour développer les énergies renouvelables. Il s’agit de continuer à utiliser les ressources minières en masquant les émissions de carbone par le développement des énergies renouvelables et une reconversion partielle du charbon en gaz pour les centrales thermiques. En effet celles-ci ont des niveaux de production très flexibles bien adaptés aux productions aléatoires des énergies renouvelables (EnRia). La baisse de la production de carbone est donc un leurre dans cette politique énergétique. Le but est de donner du grain à moudre et de l’argent du contribuable au lobby des industries ENRia qui sont puissamment implantées à Bruxelles. La pression sur la France va s’accentuer en raison de l’arrivée du gaz russe en Allemagne avec le gazoduc North Stream 2. Ce pays a pour ambition de nous ravir la place de premier exportateur d’électricité du monde. Il faut pour cela tuer notre avantage technologique en imposant le remplacement du nucléaire par des EnRia et en nous vendant du gaz pour nos centrales thermiques qui devront se multiplier pour pallier les variations aléatoires des EnRia. L’Allemagne vise d’être le château d’eau de la fourniture électrique pour toute l’Europe.

La France croît pouvoir s’en tirer en développant les EnRia, grâce en partie à des subventions européennes, pour imposer un plan de construction de 6 nouvelles centrales nucléaires en compensation de son effort sur les EnRia. Je doute que l’UE et l’Allemagne en tête ne fassent pas tout pour briser ce plan d’implantation de nouvelles centrales nucléaires. Notre dépendance à l’UE est désormais le choix de Macron et il ne peut pas faire une politique du « en même temps » dans un tel contexte. C’est très risqué d’autant plus que le Royaume-Uni, qui développe une politique nucléaire ambitieuse, ne peut plus lui venir en aide.

L’avenir est sombre pour la politique énergétique française qui ne peut conduire qu’à une augmentation régulière du coût du kWh comme cela a déjà commencé et à une dépendance accrue à l’UE dans une toile énergétique où son pourcentage de puissance nucléaire toujours disponible va se réduire au fil du temps. Elle devra de plus en plus faire appel à des secours extérieurs pour combler ses manques ou se débarrasser de surproductions à des conditions économiques de vente parfois désastreuses. Notre coût du kWh va rejoindre celui de l’Allemagne enlevant de notre pouvoir d’achat mais aussi de la compétitivité à nos entreprises. La probabilité d’un black-out électrique européen va augmenter malgré la prolifération des liaisons d’échanges entre les pays et celles avec les EnRia. Le plus grave reste notre cheminement progressif par la dépendance énergétique qui est avec la puissance militaire le garant de ne pas tomber dans les mains de nos ennemis-amis ou de puissances financières sans scrupule autre que l’argent.

De plus la France passe à côté de l’histoire énergétique car les 443 réacteurs en production répartis dans 30 pays dans le monde vont voir arriver 72 réacteurs en construction et 160 en projet dans les prochaines années, et la Chine qui nous vend des éoliennes a une vingtaine de réacteurs à construire sur son propre sol ! Pour la France c’est 30 ans d’erreurs qui ont brisé son savoir-faire, sa renommée, son avance technologique et scientifique, occulté ses recettes du commerce extérieur, et vont conduire la France vers une dépendance et une fragilité énergétique plus grandes sans gain dû aux EnRia sur l’émission de gaz carbonique, comme on le constate en Allemagne où seul le passage du charbon au gaz génère un gain sur celles-ci. Malheureusement pour les écologistes sincères, pragmatiques et utiles, l’écologisme fait très mal à la France.

La France cultive une sorte de génie mortifère

Celui de se tirer des balles dans le pied

Au nom d’idéologies humanitaires

Exploitées sans aucune vergogne

Par des puissances étrangères

Et le pouvoir de l’argent.

Claude Trouvé

26/06/21  

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