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Poutine : criminel de guerre ou faiseur de paix ?

 

Poutine : criminel de guerre ou faiseur de paix ?


Tout se présente comme une guerre menée dans le plus grand irrespect des traités et des conventions internationales par un dictateur irresponsable. Le monde occidental hésite entre la paranoïa et un égo surdimensionné d’un puissant qui se croit désormais tout permis conscient de sa force militaire. La scène ubuesque du mépris suprême s’est déroulée à Moscou lors de l’ultime tentative de négociation de Macron rejeté à 6 mètres d’une table infranchissable. Le prétexte ridicule évoqué par la Russie de la protection sanitaire de son chef n’a tenu que jusqu’au lendemain où Poutine recevait ses hôtes étrangers dans la plus grande proximité. Macron, président des Français et président tournant de l’Europe, ne représentait plus rien aux yeux de Poutine qui considère ces deux fonctions comme des porte-paroles de la politique américaine.

Son seul interlocuteur valable c’est Biden. C’est celui qui peut signer une résolution de non-intégration de l’Ukraine à l’UE et de facto à l’OTAN. Après 8 ans de négociations et deux accords à Minsk, on ne constate aucune avancée sur ce point vital pour Poutine. L’UE en catimini prépare l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et ne fait aucun geste de renonciation, et les Ukrainiens mènent sans grands répits une guerre civile contre les provinces séparatistes pour les soumettre et les réintégrer. L’Occident et les USA en particulier fournissent des armes modernes à l’Ukraine et conseillent militairement l’armée ukrainienne. Les USA sont partout en Ukraine, dans la finance et dans l’armée, certes en petit nombre. L’emplacement des nouvelles armes est judicieusement choisi pour être les prémisses de l’implantation de futures bases américaines. Pendant ce temps les russophones des provinces séparatistes de Donetsk et de Lougansk paient de leur sang leur résistance depuis le début de leur guerre et appellent la Russie à leur aide. Le bilan humain donne le vertige. « On compte depuis 2014 plus de 13 000 morts, 30 000 blessés et un million de réfugiés. Des villages et des quartiers de villes entiers ont été dévastés » (Causeur). Tout cela s’est passé dans l’indifférence de l’Europe toujours prête à aider les peuples opprimés… enfin ceux qu’elle se choisit. Ainsi les Ukrainiens de Kiev sont encore très loin de payer un tel tribut à leur liberté alors qu’ils ont été les agresseurs dans une guerre civile meurtrière. La guerre n’est jamais la meilleure solution et elle se retourne contre eux à cause d’une élite guerrière fortement nazifiée. Poutine le sait et n’en veut pas au peuple ukrainien. Il vient aujourd’hui de le confirmer dans sa déclaration télévisée.

Biden laissait pourrir la situation, plus préoccupé par l’encerclement de la Chine que par la poursuite de celui de la Russie. L’UE se bat pour vacciner toute sa population, encouragée par les grands labos qui s’engraissent comme jamais et arme ses pays limitrophes de la Russie dans une propagande antirusse incessante qui ne facilite en rien la poursuite d’un dialogue constructif. Les intérêts de l’Allemagne et de la France divergent et la fourniture de gaz russe y est pour une bonne part mais la faiblesse militaire allemande joue aussi son rôle avec des vues allemandes sur la force de frappe nucléaire française. Telle était la situation au début de l’année 2022, constat que ne manquait pas de faire Poutine.


Le 23 février les provinces séparatistes appellent la Russie à l’aide car la pression de l’armée ukrainienne dotée de nouvelles armes devient insoutenable. Le 24 février Poutine fait l’impensable pour les peuples occidentaux éberlués qui ne prenaient pas au sérieux les avertissements répétés de la Russie sur la nécessité de prendre enfin en compte la demande russe et de faire cesser les combats en Ukraine. Il envahit les provinces séparatistes qui appellent à l’aide et puis, pour faire cesser la guerre civile, il poursuit son avancée éclair vers Kiev, Odessa, Marioupol, etc. N’oublions pas que depuis 8 ans c’est l’Ukraine de Kiev qui est l’agresseur et qui pilonne les provinces séparatistes. Devant un tel non-respect des lois internationales les occidentaux en appellent à un opprobre international et prennent les mesures économiques et financières les plus dures. L’Allemagne suspend les derniers travaux de mise en œuvre du gazoduc North Stream II à la demande des USA qui lui promettent une aide à la fourniture de gaz et de pétrole. Poutine est devenu un criminel de guerre et l’ennemi numéro 1 de l’UE élargie à la Norvège. De plus il pousse son avantage en dépit des conséquences gravissimes qu’on lui promet.

Sans donner quitus à Poutine d’une attitude guerrière incompatible avec la paix entre les nations dans le respect des traités et des conventions internationales, il faut se poser la question suivante : N’était-il pas temps de prendre en considération la demande des provinces séparatistes en arrêtant définitivement la guerre civile sans fin et de donner des gages à la Russie sur notre intention de ne pas intégrer l’Ukraine et d’autres pays du Pacte de Varsovie dans l’UE comme cela avait été promis à Gorbatchev lors du démantèlement de l’URSS ? Tout ce qui se passe actuellement vient de là. La première traîtrise est occidentale car nous n’avons pas cessé d’intégrer un à un tous ces pays, dont le principal, la Pologne, dans l’UE. L’UE en est devenue obèse et de plus en plus dépendante des USA par son incapacité à avoir une politique étrangère claire et personnelle avec des intérêts de plus en plus divergents. Il y a évidemment de la revanche russe dans l’air, car nous n’avons pas cessé depuis la chute de l’URSS d’humilier la Russie. On lui a refusé l’entrée dans l’UE et on l’a sortie du G8. Alors que l’on doit à la Russie 75% de la victoire contre Hitler, la France ne l’a même pas invitée à la commémoration de la fin de la seconde guerre mondiale. On la provoque aux frontières communes alors que Poutine cherche la négociation et n’a aucun intérêt à s’attaquer à l’OTAN, synonyme de guerre mondiale nucléaire.

Devant une situation figée, face à un refus américain de donner suite à la demande majeure russe sur la neutralité de l’Ukraine, face à un armement de l’Ukraine par l’Occident, face à une pression grandissante sur les républiques séparatistes, Poutine a senti le moment favorable d’agir et d’agir vite. Pour se préparer à une attaque surprise, il a caché ses intentions prises bien avant, tout en restant sur le plan diplomatique pour se faire entendre. Il n’a visiblement pas été entendu. Ce constat fait, la réplique guerrière s’est imposée à la Russie qui a vécu comme un calvaire le démantèlement de l’URSS et la récupération de ses anciens satellites contrairement à l’engagement des occidentaux de ne pas le faire. Mais tout compte fait la décision de Poutine est l’aboutissement d’une nécessité de clarification, de sortie d’une situation malsaine et d’une avancée vers un nouveau point d’équilibre des forces beaucoup plus protecteur de la paix que le maintien d’une situation explosive. La paix ne peut se construire en intégrant l’Ukraine dans l’UE puisqu’elle doit devenir préalablement membre de l’OTAN. L’idée d’un glacis de pays plus ou moins neutres et à puissance militaire faible peut seul permettre d’éviter le choc frontal de deux civilisations. L’évolution sociétale française et de beaucoup de pays de l’UE nous éloigne d’une Russie qui défend une civilisation ancestrale toujours marquée par la religion.

Seule la Russie pouvait trancher le nœud gordien noué sur notre pensée occidentale, missionnaire du mondialisme et se servant du prétexte de la démocratie pour régenter le monde à sa guise. Les européens doivent cesser de vouloir s’étendre indéfiniment à l’Est et juger la Russie plus en partenaire qu’en ennemi dans un fructueux échange entre une société de consommation à l’idéal mondialiste et une puissance minière de première importance attachée à ses racines et au retour de sa puissance perdue. Si les européens veulent bien ouvrir les yeux et cesser de promouvoir la démocratie tous azimuts sans distinction des civilisations auxquelles elle s’adresse, alors l’initiative russe peut nous conduire à une période de reconnaissance mutuelle et de paix. Il faut agir vite dans ce sens car la Russie ne lâchera plus rien sur ses revendications vitales pour eux et s’engagera de plus en plus dans un conflit armé si elle n’est pas écoutée. Les sanctions économiques ne changeront rien à son plan mûrement réfléchi avec prises en compte des sanctions économiques possibles.

Gloser sur un possible renversement de l’opinion russe sur son chef, ou pire le souhaiter ou œuvrer dans ce sens, est totalement méconnaître le renforcement du sentiment inné de l’esprit patriotique russe depuis l’époque de la Russie faible de 1998. C’est le raisonnement d’un pays où justement ce sentiment fait de plus en plus défaut, le nôtre. De la terre brûlée devant Napoléon au siège de Stalingrad (800.000 morts russes en 6 mois et demi) par les nazis, le patriotisme russe a vaincu tous ceux qui voulaient détruire leur pays, pays qui a un sens aigu du sacrifice. Alors œuvrons avec elle à une nouvelle stabilisation des rapports est-ouest dans le but de préservation d’une paix restabilisée et profitable aux deux camps.

La balle est finalement dans notre camp et il tient à nous de transformer cet épisode de guerre en une confrontation constructive par la recherche d’un nouveau point d’équilibre d’une divergence rapide d’évolution civilisationnelle de l’Occident. Le mépris de l’Occident envers la Russie et sa diabolisation doivent cesser. L’Occident a profité de la faiblesse militaire et économique de la Russie de 1998 pour ostraciser ce pays. Elle a ainsi renforcé l’esprit de revanche d’un grand pays fier de son histoire et de sa grandeur passée sans réaliser que l’UE, puissance économique, est un nain politique et militaire et ne tient que par la volonté créatrice américaine. Elle a suivi la politique américaine sans se rendre compte que la Russie de 2022 avait retrouvé sa puissance et n’entendait plus se faire humilier. Il faut réouvrir le dossier de l’Ukraine et préparer un avenir acceptable pour le peuple ukrainien hors de l’UE mais avec une liberté de manœuvre économique indépendante, ouverte sur l’Europe et sur la Russie, partenaire indispensable pour la fourniture des matières premières et du gaz.

Rien ne sera possible à moyen terme si la neutralisation de l’Ukraine entre l’UE et la Russie n’est pas le préalable à toute discussion constructive. Arrêtons de suivre les USA qui ne voient que leur stratégie d’encerclement de la Russie et se préparent à se doter de bases dans tous les pays plus ou moins frontaliers de la frontière russe. S’il y a conflit militaire, le théâtre d’opération sera essentiellement l’Europe loin du territoire américain. La survie d’une Europe de la paix, et même de l’Europe tout court est engagée. Elle doit défendre une position de conciliation pour ne pas finir sous les bombes russes dans un conflit global, ou dans un envahissement progressif et paralysant des armées US dans son territoire conduisant à sa paralysie politique et à son exploitation économique. La vassalité doit cesser, elle ne conduit qu’à la paralysie ou à la mort. La France, seule puissance nucléaire européenne, a la vocation historique d’être ce conciliateur entre l’Est et l’Ouest. Qu’elle parle haut et fort et si elle cesse de demander à Biden ce qu’elle doit dire, elle aura l’oreille de Poutine qui lui en saura gré ! L’Ukraine peut être le point d’équilibre entre l’UE et la Russie, comme le devrait être la France entre l’Est et l’Ouest du monde.

Il n’est point de vassal qui n’ait finalement mordu la poussière.

Chirac a brillamment dit non à l’envahissement de l’Iraq

La France doit dire non à l’intégration de l’Ukraine

Dans l’Union Européenne, synonyme d’OTAN.

Elle aura alors la primauté de la discussion

Avec une Russie moins méfiante.

Claude Trouvé

25/02/22

Commentaires

  1. Enfin un discours qui change de ceux dégueulés à longueur d'antenne par la socialocratie médiatique française! Merci à vous.

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